Alain Castanier, Préfet délégué pour l'Egalité des chances

3 questions à…

Alain CASTANIER, Préfet délégué pour l’Égalité des Chances (interview : novembre 2024)

Fin 2005, le Gouvernement crée la fonction de préfet délégué pour l’égalité des chances dans les départements les plus concernés par les tensions urbaines (Essonne, Yvelines, Seine-et-Marne, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Bouches du Rhône, Nord, Rhône, Seine Saint-Denis, Val d’Oise). Ces derniers ont pour mission de venir en aide aux personnes vivant dans les quartiers urbains sensibles et de favoriser le développement de ces territoires. A ce titre, ils animent et coordonnent, avec les élus locaux, le milieu associatif et l’ensemble des acteurs de l’intégration, les dispositifs de l’État dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, du logement, de la rénovation urbaine, de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations. En Essonne, cette fonction est occupée depuis avril 2023 par Alain Castanier.

Dans le cadre de la politique de la ville, on parle de « quartiers prioritaires ». En quoi et pourquoi ceux-ci constituent-ils une priorité pour l’État ?

La devise de la République Française est : « Liberté – Égalité – Fraternité ». L’État doit veiller au respect de cette devise. Ainsi, en matière d’égalité, il a été constaté que l’accès au marché du travail, à la culture, au logement… était plus difficile pour les habitants de certains quartiers de grandes villes. C’est pourquoi l’État met en oeuvre une « Politique de la Ville »
qui a pour but de réduire les écarts de développement au sein des villes. Elle vise à restaurer l’égalité républicaine dans les quartiers les plus pauvres et à améliorer les conditions de vie de leurs habitants, qui subissent fréquemment un chômage et un décrochage scolaire plus élevés qu’ailleurs, et des difficultés d’accès aux services et aux soins notamment.
Le fait même d’avoir mis en place, dans tous les départements, des « préfets délégués à l’égalité des chances » ou des « sous-préfets chargés de la politique de la ville », et des crédits spécifiques témoigne de la volonté de l’État de faire de la politique de la ville une de ses priorités.

Comment concevez-vous votre rôle en tant que Préfet délégué pour l’Égalité des Chances aux côtés des élus locaux, pour traduire en acte les engagements pris dans le cadre du contrat de ville et répondre aux aspirations des habitants du quartier prioritaire ?

Un préfet délégué à l’égalité des chances est surtout un coordonnateur des dispositifs de l’État dans le domaine de l’emploi, de l’éducation, de la santé, du logement, de l’habitat, du cadre de vie, de la tranquillité publique et de la citoyenneté.

Je dispose de moyens propres, tels que des crédits politique de la ville : 7,3 M€ en 2024, ou d’animation dans les quartiers pendant l’été : 1,07 M€ en 2024.

Ces opérations « Quartiers d’été » permettent notamment de :

  • Favoriser les activités intergénérationnelles et familiales
  • Promouvoir les valeurs de la République et de la citoyenneté
  • Impliquer les jeunes dans l’élaboration et la mise en oeuvre de projets à vocation socio-éducative
  • Promouvoir la mixité des publics et la promotion de l’égalité femmes/hommes
  • Sensibiliser aux enjeux de la transition écologique
  • Faire découvrir le sport, la culture… aux jeunes et parfois aux moins jeunes habitants des quartiers

J’anime également de nombreuses réunions avec de nombreux partenaires (élus, associations, services de l’État, bailleurs, parents…) dans le cadre de dispositifs tels que :

  • les nouveaux programmes de renouvellement urbain (620 M€ de financement en Essonne)
  • l’attribution de postes d’adultes relais (162 postes en 2024, pour une aide financière de l’État de 22 555 € par poste)
  • les mesures fiscales spécifiques aux QPV (zones franches, exonérations en faveur des commerces de proximité, utilisation de l’abattement de taxes foncières sur les propriétés bâties en lien avec les bailleurs, taux réduit de TVA pour l’accession sociale à la propriété).

Comment mesure-t-on la réussite des actions engagées ? À partir de quel moment estime-t-on qu’elles ont un effet bénéfique pour les habitants ?

J’ai la chance de disposer d’une équipe en préfecture notamment constituée de 9 « délégués du préfet » expérimentés, dont la mission est d’être tous les jours sur le terrain, au contact des habitants, des bailleurs, des associations de quartiers, des élus référents… pour piloter finement les actions lancées et m’alerter immédiatement sur les éventuelles mesures correctrices à prendre si nécessaire.

Je vais moi-même régulièrement dans les quartiers à la rencontre des habitants et des associations, et je rencontre fréquemment les maires et présidents d’agglomérations ayant des QPV, qui n’hésitent pas à me faire part de leurs avis sur l’efficacité (ou pas !) de nos actions dans les quartiers, ou des besoins non satisfaits.
Lors de ces contacts, en pieds d’immeubles ou en mairie, mes différents interlocuteurs m’informent « en temps réel » sur ce qui fonctionne bien (je suis allé cet été dans chacune des 26 communes ayant des QPV lors des opérations « Quartiers d’été », les enfants et leurs parents étaient très satisfaits des animations proposées) ou moins bien (des habitants me signalent par exemple des problèmes de sécurité ou de salubrité, et je fais alors le point avec les maires, la Police ou la Gendarmerie et/ou les bailleurs pour prendre les mesures nécessaires).

Par ailleurs, un bilan annuel est fait dans chaque commune en début d’année pour examiner ensemble toutes les actions engagées l’année précédente, l’atteinte des objectifs visés et, in fine, décider de la reconduite ou non de ces actions l’année suivante. C’est un véritable tableau de bord sur la réussite (ou non) des actions engagées.